lundi 15 juin 2009

La Simpson-Lee house de Glenn Murcutt suite

J'ai donc pris le bus aujourd'hui pour aller à la Mitchell Library, la bibliothèque de l'état de Nouvelle Galles du Sud située juste à coté du parlement de l'état.
Françoise Fromonot m'avait dit, quand j'étais allé la voir à Paris, que Murcutt avait fait don d'une grande partie de ses plans à cette bibli et que du coup je pourrais y jeter un oeil.
Ca va donc être l'occasion d'un post qui intéresse personne à part moi et que personne va lire jusqu'au bout.
Après être passé par trois bureaux histoire d'avoir une carte de membre, et après avoir fait mes yeux de chien battu histoire qu'on me file ce que je voulais voir même si j'avais pas de certificat de domicile, le vieux bibliothécaire de la jaquette est remonté de son sous-sol poussiéreux avec trois grands dossiers qui contenaient environ 200 documents. Tout ça pour une seule maison, la Simpson-Lee, que j'étais allé voir il y a deux semaines.
J'ai choisi de commencer par cette maison parce que c'est celle où il s'est le plus pris la tête de toute sa carrière et que je l'avais bien analysée il y a deux ans. Du coup je voulais voir plus en détails tout un tas de trucs.
Les dates d'abord, ça commence en 1988 et c'est construit en 93 seulement, autant dire que c'est long.
Les 130 premiers dessins ce sont plein de croquis plus ou moins à main levée qui correspondent à un avant-projet. Plusieurs implantations et dispositions des espaces se succèdent en quelques semaines. Une fois la forme générale mise en place, jusqu'à un certain niveau de détails (électricité par exemple), il y a une cinquantaine de dessins qui sont le fruit d'un aller-retour entre le client, l'architecte et l'ingénieur. A partir de là, ce ne sont que les détails constructifs qui évoluent et qui s'affinent.
Toutes les échelles sont représentées, du 1/200° pour l'implantation au 1/1° pour les détails d'aménagement de la cuisine par exemple. Tout est dessiné et rien n'est laissé au hasard.
Ca donne un tas de détails intéressants comme le poêle par exemple, qui est enrobé dans une sorte de boite en acier peinte remplie de graviers, ça fait une sorte de gros radiateur. Le tuyau du poêle est doublé pour ne pas se bruler et le tuyau extérieur est percé en haut et en bas histoire de réchauffer encore mieux l'air de la pièce par convection. La chasse d'eau est escamotée dans la salle de bain dans un placard très malin. La piscine d'eau anti-incendie est elle aussi assez bien réfléchie...
Mais bon le truc le plus intéressant dans ces dessins, c'est bien sûr les détails de l'ingénieur. Je m'étais bien pris la tête à essayer de comprendre comment c'était fait en regardant dans les bouquins mais sans grand succès. J'avais bien essayé de comprendre mieux sur place, mais c'était pas évident. Avec toutes les planches de dessins (environ une vingtaine!), tout devient plus clair. La grande question c'est comment les poteaux et les poutres transversales et longitudinales se rencontrent. L'autre question c'est comment la façade avant qui coulisse pour s'ouvrir entièrement est accrochée à l'ossature. La réponse c'est qu'il triche. C'est tout soudé, pré-assemblé au sol ou même parfois en l'air du coup c'est plus facile.
Si je dit qu'il triche c'est parce que tout son projet c'est de remettre à plat la maison Farnsworth de Mies Van der Rohe en la rendant plus simple à construire et plus efficace face aux variations du climat. En quelque sorte de faire une passerelle entre tradition et modernité. C'est exactement ce qu'il fait avec sa première maison 100% pur Murcutt, la Marie Short. C'est comme une Farnsworth allongée enrobée d'une peau plus perméable au climat. Au lieu d'être soudée par soucis d'esthétisme comme la Farnsworth, elle est belle et bien boulonnée avec une attention au détail très intéressante.
Et ben dans le cas de la Simpson Lee, il succombe un peu au même travers de l'esthétisme. Au lieu d'être orienté plein sud, c'est plein est! Au lieu d'être simple et efficace dans la construction, c'est plein de détails uniques et de soudures faites sur place à 5 mètres de haut.
En gros c'est comme de comparer un vieux coucou et un avion de chasse. Est-ce bien nécessaire d'avoir la technologie d'un avion de chasse dans une maison de campagne?
Deux infos pour finir, il semblerait qu'après avoir racheté la Marie Short, il ait aussi racheté celle-là (dixit le vieux bibliothécaire de la jaquette). L'autre info c'est que sur un bout de papier, il a fait une estimation du cout de la maison en reprenant des chiffres de cout d'une maison précédente et en divisant par le nombre de m2. Il arrive à un cout de 1700$AU/m2, soit en ajoutant le prix des aménagements extérieurs, une maison à 388 000$AU en 1989 environ 1,4 millions de francs. Je sais pas comment le dollars a évolué mais ça fait quand même un peu cher!

Je me rends compte que j'ai pas encore mis de photos de la Marie Short, ça va venir...

5 commentaires:

vaoulevent a dit…

il fallait écrire "à part moi et ma mère" parce que vois-tu je lis tout ! et je trouve ça passionnant...! mais quand vas-tu taper la causette avec lui ! bonté divine...!

mom a dit…

Mais oui, Cyril, ta maman a raison, c'est vraiment passionnant, pourquoi ce doute? nous lisons tout!
P.S:et une maison TROPPO? c'est moins cher?

lisa a dit…

ben et moi aussi je lis tout même si je m'y prends à fois parce que pendant TOUT ce temps il se passe d'aute truc...mais on se sent intelligent de presque comprendre tout ce que tu dis ...

kwet a dit…

non, y a moi aussi :) merci pour ce post a la lecture tardive :)

Anonyme a dit…

t'es qui toi?